samedi 17 septembre 2016

Torsion utérine: un danger pour vache et veau


Une torsion de l’utérus est fréquemment à l’origine de vêlages difficiles (dystocies) et nécessite l’intervention obstétrique d’un vétérinaire. Souvent, l’ingestion insuffisante de fourrage par la vache portante est partiellement responsable de ce phénomène.
 
Une torsion utérine représente toujours une situation délicate tant pour le veau que pour la vache et doit être rétablie aussi rapidement que possible. Les facteurs suivants peuvent favoriser l’apparition d’une torsion:
– les animaux qui ont beaucoup de profondeur de flanc ont un abdomen plus volumineux;
– les vaches Brown Swiss semblent être plus fréquemment atteintes que celles des autres races;
– la majorité des torsions se créent durant la première phase de mise-bas, alors que les ligaments se sont relâchés sous l’influence des hormones;
– les vaches qui souffrent d’urovagin présentent souvent des faiblesses au niveau des ligaments et sont prédestinées aux torsions utérines;
– le transport d’une vache prête à vêler peut induire une torsion;
– un remplissage insuffisant de la panse, au moment du vêlage, donne plus de place à l’utérus et augmente le risque de torsion; les animaux avec une forte adiposité ou ceux qui souffrent d’une autre maladie qui limite l’ingestion sont plus sujets aux torsions.


La sélection d’animaux de grande taille avec beaucoup de capacité a favorisé l’apparition des torsions utérines chez nos vaches laitières dites «modernes». En particulier les vaches Brown Swiss, se distinguant par leur format et leur profondeur de flanc, sont prétéritées.

Chez ces dernières, l’utérus gravide trouve la place pour tourner sur lui-même. Mais d’autres facteurs capables d’influencer une éventuelle torsion entrent également en ligne de compte.

L’utérus gravide est asymétrique

L’utérus de la vache est suspendu librement à de longs ligaments rattachés à la ceinture pelvienne (bassin). Durant la gestation, cet appareil de suspension supporte la totalité du poids du foetus, des enveloppes foetales et du liquide amniotique. Au fur et à mesure que le foetus prend du poids, l’utérus s’affaisse toujours plus et descend de la région pelvienne en direction de l’abdomen. L’utérus est séparé en deux cornes. Durant toute la durée de la gestation, le foetus est niché du même côté: la corne «portante» de l’utérus est par con-séquent beaucoup plus volumineuse et plus lourde que le côté «non portant». Un net déséquilibre s’installe.


Le relâchement des ligaments lors de la naissance favorise la torsion

Sous l’effet des hormones, tous les ligaments qui entourent la voie de mise-bas se relâchent, afin d’élargir le passage pour permettre au veau à naître de s’y glisser. Pour cette raison, les ligaments extérieurs du bassin par exemple s’affaissent et la queue perd de sa tension. Ce phénomène indique un vêlage imminent (au cours des prochaines 48 heures). Non apparente de l’extérieur, la même évolution intervient pour les ligaments intérieurs qui soutiennent l’utérus. De ce fait, la corne utérine qui abrite le foetus, de poids important, bénéficie subitement d’une grande liberté de mouvement. Elle peut facilement basculer sur le côté et se retourner, avec la totalité de son contenu. Si, de surcroît, la vache souffre de faiblesses au niveau des ligaments, ce qui se peut se manifester par un urovagin, une torsion est très fréquente.



Le remplissage de la panse est important 

Une panse bien remplie, qui se situe dans l’abdomen à gauche de l’utérus gravide, lui confère une certaine stabilité latérale qui permet d’éviter toute torsion. C’est une des raisons pour laquelle, il est important que l’ingestion de fourrage par la vache portante reste régulière jusqu’au moment de la mise-bas. Dans ce contexte, l’affouragement durant la phase de tarissement et surtout avant le vêlage est décisive: l’alimentation de transition devrait débuter trois semaines avant le terme. Chacun peut contrôler le degré de plénitude de la panse, en appuyant avec les deux poings contre le creux du flanc gauche pour sentir la quantité de substances solides qui s’y trouvent. Ecouter les bruits de la panse qui illustrent l’activité digestive est également judicieux.
Pour ce faire, un stéthoscope (ou directement l’oreille) est appliqué sur le creux du flanc gauche, l’objectif étant de compter le nombre de contractions de la panse. Ces dernières devraient être au nombre de dix au moins, en cinq minutes.


Torsion plus fréquente à gauche

Si la panse n’est pas suffisamment remplie, la place inoccupée dans l’abdomen est telle que la corne utérine gravide peut facilement entamer un mouvement de rotation engendré par la simple pesanteur.
Cela explique pourquoi la majorité des torsions (plus de 85%) s’effectuent vers gauche, dans la direction de la panse; vu de l’arrière, la rotation est inverse à celle des aiguilles de la montre. La torsion intervient souvent alors que le veau bouge, au moment où la vache se couche ou se lève. Le transport de la vache ou un séjour dans un pâturage pentu, peu avant la mise-bas, peuvent également favoriser une torsion utérine.


Bien surveiller les animaux avant la mise-bas 

Dans de nombreux cas, une autre maladie est à l’origine d’un remplissage insuffisant de la panse avant le vêlage (par exemple la fièvre du lait latente ou la mammite aiguë). Par conséquent, reconnaître et traiter rapidement toute maladie fondamentale est indispensable pour garantir un bon déroulement du vêlage et un bon démarrage de la lactation suivante.


Reconnaître la situation 

Le diagnostic rapide d’une torsion utérine est important pour assurer la survie du veau et de la vache. Une vache qui peine à mettre bas, qui se tient avec la queue redressée pendant plusieurs heures, qui ne perd pas ou peu de liquide amniotique, devrait toujours être examinée avec soin. Reconnaître une torsion demande toutefois un peu d’exercice et d’expérience.
En cas de torsion utérine, les replis de la muqueuse, en forme de spirale, peuvent être sentis dans le vagin. Pour la torsion à gauche, les plis se propagent en oblique de l’arrière (en haut à droite) vers l’avant (en bas à gauche); la situation est inverse pour la torsion à droite, qui est toutefois plus rare (les plis partent de l’arrière, en haut à gauche, vers l’avant, en bas à droite). Le sens de la torsion est extrêmement importante afin d’éviter d’essayer de rétablir la situation dans la fausse direction. Cela serait totalement impossible et coûte beaucoup d’énergie à l’obstétricien. Selon le degré de torsion, le veau peut être tâté ou non au travers du col de la matrice. En aucun cas, il ne faut tenter de tirer sur le veau avant d’avoir écarté la torsion!


Supprimer la torsion 

La torsion doit être rétablie aussi rapidement que possible. Plus la situation de torsion per-dure, moins le veau aura de chances de survie.
Son approvisionnement, lors de torsion utérine, est très limité, étant donné que l’apport sanguin, freiné par le noeud, se détériore. Il n’est pas rare que les veaux meurent pendant le vêlage.


Une «bonne» rotation s’impose 

S’il est possible de saisir le veau au travers de l’orifice du col, la torsion peut être rétablie à la main. En prenant un peu d’élan, le veau est tourné sur lui même, dans le sens de la longueur, en l’attrapant sur une partie fixe de son corps (tronc). La matrice suit le mouvement.
Un flot de liquide amniotique signale que l’utérus a été détordu avec succès. En cas d’insécurité en matière de diagnostic ou de procédé, il convient de consulter un vétérinaire sans tarder, pour ne pas gaspiller de temps précieux. S’il n’est pas possible de saisir le veau via le col de la matrice, le vétérinaire couche la vache et la fait rouler sur le dos, sous une planche. Si cette manipulation s’avère également infructueuse, la césarienne constitue le seul salut.

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