vendredi 16 septembre 2016

Maîtriser les mammites avec moins d'antibiotiques




Le plan Écoantibio 2017 impose la réduction, sur cinq ans (2012-2017), de 25% de l’usage des antibiotiques. Et pourtant, la plupart des éleveurs laitiers traitent encore systématiquement les vaches au moment du tarissement avec un antibiotique intramammaire.
D'après le rapport 2015 de l'Anses sur l'utilisation des antibiotiques, le tonnage à destination des bovins a reculé entre 2005 et 2013 après plusieurs années de hausse. En revanche, en 2014 le tonnage vendu a augmenté de 22,2%.
Conseiller sanitaire au GDS 54, Julien Anderbourg est intervenu à l'occasion des réunions organisées par Optival dans le cadre de la Quinzaine du conseil en élevage pour sensibiliser les éleveurs au risque d’utiliser les antibiotiques à tort.
On favorise l’apparition de l’antibiorésistance quand on administre mal les antibiotiques. Sans compter que l'acquisition d'une résistance à un antibiotique peut entraîner, dans certains cas, la résistance à un ou plusieurs autres antibiotiques.
Aujourd'hui 99% des Echerichia colibovines résistantes au ceftiofur le sont également aux tétracyclines.
Le risque est de voir apparaître des bactéries mutlirésistantes contre lesquelles aucun antibiotique n'est efficace.
Mieux gérer les antibiotiques est donc essentiel pour préserver leur efficacité.
Des clés pour raisonner le tarissement
Le tarissement est une période clé pour lutter contre les mammites. Il permet de guérir les vaches infectées et de prévenir les nouvelles infections. Le choix du traitement doit tenir compte à la fois :
- du niveau d'infection du troupeau
- du risque de nouvelles infections pendant le tarissement
Le risque de nouvelles infections pendant le tarissement est lié à la conduite de l'arrêt de la traite, au logement des vaches taries, à la gestion du retour dans le troupeau mais aussi aux vaches elles-mêmes : à leur rang de lactation, à la morphologie de la mamelle, des trayons et leur index cellulaire, rappelle Carole Deprugney, conseillère Optival.
 
Choisir sa stratégie de tarissement
 Risque de nouvelles infections
  FaibleMoyenÉlevé
Niveau d'infection du troupeauÉlevéAntibiotique sélectif et/ou obturateur sélectifAntibiotique systématique et obturateur systématique
MoyenAntibiotique systématique et obturateur systématiqueAntibiotique sélectif et obturateur systématique
FaibleAntibiotique sélectif et obturateur systématique
Des outils existent aujourd'hui pour permettre aux éleveurs de détecter précocement les mammites, notamment l'analyse de la MAA, une protéine de défense de la glande mammaire en cas d’inflammation. Optival fait partie des organismes de conseil qui proposent le nouveau service tarissement Bioteck lait.
Les éleveurs sont aussi amenés à intervenir pendant la lactation.
L'état de l'animal doit s’améliorer 48h après le traitement. Au-delà de cinq jours, s’il n’y a pas de signe d’amélioration, il faut changer de traitement, rappelle le Dr Lassus, de la clinique vétérinaire de la Vezouze.
La prévention avant tout
Mieux raisonner les traitements d'accord, mais, pour Julien Anderbourg :
Le mieux est quand même de ne pas avoir d'animaux malades. La prévention est essentielle.
Il faut respecter les besoins fondamentaux des bovins : de la nourriture de qualité en quantité et un logement adapté. L'inconfort et le stress sont source de sous-production et de sensibilité aux maladies.
Les médicaments devraient seulement être un outil d’aide complémentaire. Il y a tellement de choses à mettre en place avant de sortir la seringue.

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